Il y en a parfois qui comprennent tout seuls.
Big Mouth, dessin animé diffusé sur Netflix, Missy est une jeune ado métisse vocalement incarnée depuis le démarrage de cette série télévisée par l’actrice et humoriste blanche américaine Jenny Slate. Cette dernière, prenant conscience du tort qu’elle créait aux afro-descendants en se prétendant plus légitime qu’une actrice noire pour prêter sa voix à ce personnage populaire, avait décidé d’y renoncer à compter de la quatrième saison :
“Au début, je me suis dit que ce serait possible de jouer [l’adolescente métisse] car sa mère est juive et blanche, comme moi, souffle cette dernière. Mais [elle] est aussi noire, et les personnages noirs d’une série animée doivent être joués par des acteurs noirs.”
“Je reconnais que mon raisonnement de base était erroné. C’est un exemple de ce qu’est le privilège blanc […]. En doublant Missy, j’ai participé à invisibiliser les personnes noires.”
Jenny Slate.
C’est une autre humoriste, Ayo Edebiri, qui a pris sa place. Andrew Goldberg, créateur de la série, avoue que ce remplacement n’a pas été facile* : « Nous l’avons soutenue, et nous avons eu une grande conversation avec nos auteurs noirs et quelques artistes noirs. Ils ont tous convenu qu’ils aimaient ce que Jenny avait fait et appréciaient le personnage qu’elle avait créé, mais que la bonne chose à faire était de laisser la place à un acteur noir pour jouer le rôle. »
Andrew Goldberg raconte* comment la transition a été gérée dans le scénario. Dans le deuxième épisode de la saison quatre, alors que Missy est toujours doublée par Jenny, le personnage déclare : « Je me débats vraiment avec mon identité raciale en ce moment. Ma mère est blanche, mon père est noir, je suis interprétée par une actrice blanche de 37 ans. Missy passe un été avec ses cousines (Lena Waithe et Quinta Brunson), et s’ouvre vraiment à l’idée qu’elle n’a pas totalement vécu la partie noire de son identité parce que ses parents l’ont élevée avec ces intentions post-raciales. Plus tard dans la saison, elle raconte une histoire d’échange de codes avec son camarade de classe DeVon (Jak Knight). Jak a écrit cet épisode, qui montre qu’elle a une meilleure idée de ce que la société attend et exige d’elle [en tant que fille noire] d’une manière à laquelle elle n’avait pas pensé auparavant. »
« Le moment où nous changeons la voix est l’histoire d’Halloween. Dans la maison des horreurs, l’anxiété de Missy est exprimée par tous ces reflets différents qu’elle a dans le miroir des différentes parties de son identité. À un moment donné, elles se brisent toutes, et elle craint que le fait d’avoir toutes ces différentes parties de son identité signifie qu’elle n’est rien. Mais ensuite, elle rassemble les morceaux pour former ce qu’elle appelle Mosaic Missy. Et c’est à ce moment-là que la voix d’Ayo prend le dessus. Ayo est la voix de cette Mosaic Missy. Et puis, en avançant, c’est là que la voix change et tout ce que Missy dit dans la saison quatre est la voix d’Ayo. »
Puisse son autocritique faire des émules, tant il est évident — bien qu’il faille encore trop souvent le rappeler — que seule une personne noire peut comprendre et incarner un personnage noir dans le moindre de ses aspects.
Note de service : pourrait-on retirer la photo qui est juste en dessous, s’il-vous-plaît ?
