Ce que je pense, c’est que la France n’est pas universaliste, parce qu’elle peine à traiter ses citoyens de manière équitable et égalitaire.
Rokhaya Diallo, entretien à l’AFP, 1er mai 2021.
Elle précise : « Et ce qui empêche la France d’embrasser son universalisme, c’est son incapacité à se remettre en question. La posture de pays des droits humains et universaliste est théorique : la réalité de la France n’a rien à voir avec ce qui est énoncé sur le fronton de ses mairies. »
La France a tout faux mais Rokhaya Diallo, elle, prouve encore qu’elle est un exemple, un guide pour le peuple wokistanais. « Je suis une femme noire et je l’ai découvert à travers les regards, les interrogations, les suspicions ou les stigmatisations qui ont jalonné ma vie. Si aujourd’hui je suis dans une position sociale plutôt privilégiée, je n’ai pas vraiment les moyens d’oublier ma condition raciale, car il se trouve toujours une personne ou une situation pour me la rappeler », écrivit-elle un jour au magazine Causeur. Dans ce pays où les discriminations sont omniprésentes, où règne le racisme systémique dans le plus parfait déni, elle a réussi — elle la femme racisée — à franchir toutes les barrières, crever tous les plafonds de verre, déjouer les privilèges blancs et l’ordre patriarcal pour bâtir une carrière exemplaire de journaliste, essayiste, documentariste, influenceuse-beauté-mode, chroniqueuse à la télévision et maintenant chercheuse résidente à l’université de Georgetown (département Gender & Justice Studies).
Dans un pays si honteusement fermé à la diversité, quelle ténacité, quelle résilience. Total respect pour notre soeur wokistanaise.
Dernière minute :
Rokhaya Diallo vient d’apprendre que l’université de Georgetown avait tiré profit de l’esclavage : des esclaves noirs ont en effet contribué à la construction des bâtiments du campus et, en 1838, la vente de 272 esclaves lui permit de régler une partie de ses dettes.