Comment les idées décoloniales et intersectionnelles ont-elles gagné en influence à l’université ? L’une des explications tient à la dérégulation des sciences humaines, notamment liée à la multiplication des canaux de publication sans contrôle scientifique ni respect des normes internationales de qualification. Tout le monde étant désormais capable de publier n’importe quoi en « déguisant sa prose en science », comme le regrette Xavier-Laurent Salvador, maître de conférences à l’université Paris-13*, qui a beaucoup étudié les digital humanities.
Pour Charles Coutel, la cooptation constitue également un puissant outil de prise de… colonisation : “Ces gens implantés dans les universités se recrutent entre eux, les comités de sélection pour des postes comme celui ouvert à Créteil est exclusivement composé de copains”, peste-t-il*. Au point que “si on n’est pas raccord avec ces théories-là, l’intersectionnalité ou le décolonialisme, il est devenu très compliqué d’être recruté dans un laboratoire”, confesse Samuel Mayol, maître de conférences en sciences de gestion.
Et cela ne devrait pas s’arranger dans les prochaines années.