Une attraction adaptée du conte « Blanche-Neige et les Sept Nains » ouverte dans un parc Disneyland de Californie suscite la polémique : l’introduction de la scène du baiser dans l’attraction n’a pas été au goût de deux critiques du San Francisco Chronicle.
La maison Disney, pourtant d’ordinaire extrêmement attentive au respect de l’éthique du Wokistan, a commis une énorme erreur à l’occasion de la refonte de l’attraction dédiée à Blanche-Neige proposée aux visiteurs du parce Disneyland d’Anaheim, en Californie.
La fameuse scène du baiser, qui constitue le final grandiose de l’animation, a fait réagir Katie Dowd et Julie Tremaine, chroniqueuses du San Francisco Chronicle :
« Un baiser qu’il lui donne sans son consentement, pendant qu’elle dort, ce qui ne peut pas être le véritable amour à moins que la personne sache ce qu’il se passe. N’avons-nous pas déjà convenu que le consentement dans les premiers films de Disney était un problème majeur ? Qu’apprendre aux enfants que s’embrasser, quand il n’a pas été établi que les deux parties y étaient disposées, n’est pas acceptable ? Il est difficile de comprendre pourquoi Disneyland, en 2021, fait le choix d’ajouter une scène aux idées si rétrogrades sur ce qu’un homme est autorisé à faire à une femme, d’autant que l’entreprise met actuellement l’accent sur la suppression des scènes problématiques de manèges. »
Katie Dowd et Julie Tremaine, SFGATE.com, 1er mai 2021.
« Pourquoi ne pas imaginer une autre fin ? », proposent enfin les deux rédactrices. Une suggestion qui, outre-Atlantique a suscité l’indignation en ligne, avec de nombreux internautes qui accusent notre avant-garde éveillée d’avoir poussé la cancel culture trop loin et se permettent d’ironiser sur l’odieuse représentation de la domination patriarcale perpétuée depuis la publication, au début du XIXe siècle, du conte des frères Grimm.
On peut aussi s’étonner que Disney se soit engagé sur cette voie rétrograde après avoir su soumettre certains dessins animés anciens (Peter Pan, Les Aristochats et La Belle et Le Clochard, Dumbo, Le Livre de la jungle), à un contrôle parental et les faire précéder de messages de prévention indiquant qu’ils contenaient « des représentations datées et/ou un traitement négatif des personnes et des cultures ». Un premier pas encourageant en attendant leur interdiction pure et simple.
D’autant que Blanche-Neige, à l’instar de bien d’autres œuvres classiques mises à l’écran par Walt Disney, véhiculent une image de la femme dégradante, justement dénoncé par Sophie Gourion et d’autres. Dans le conte, raconte-t-elle, les nains font tomber le cercueil, ce qui conduit Blanche-Neige à recracher le bout de pomme empoisonnée. Dans le dessin animé « pas de maladresse, la pomme qui tue Blanche Neige disparaît grâce au baiser du prince : c’est l’homme qui sauve la femme et non la contingence ».
Et que dire des sept nains, cette collection de caractères masculins arriérés qui, dans le même temps justifieraient une mise à l’index pour nanophobie ?