L’hétéra, nouvelle catégorie au bestiaire wokistanais, est donc le concept autour duquel la journaliste Judith Duportail a construit son dernier livre, actuellement promu avec complaisance dans la presse sociétale (voir Madame Figaro, 20 Minutes, Mademoizelle, en attendant l’inévitable passage dans Quotidien et/ou une publi-recension par Maïa Mazaurette).
Après avoir fait joujou avec les mots en -ing — ghosting, breadcrumbing, catfishing, stalking, sneating, caspering, gatsbying, orbiting…, — Judith Duportail s’attarde sur donc l’hétéra pour mettre un nom sur sa « fatigue » des relations amoureuses polluées par les jeux de domination.
Je me demande alors, et pas seulement pour « allitérer », si l’hétéra n’est pas tarée…
À moins que la vraie question ne soit plutôt : qui souffre le plus de thinking fatigue dans cette affaire ? Est-ce une dépresso-narcissique qui, après trois articles dans Slate, un blog et un bouquin bien relayé dans les rédactions1, réinvente le fil à couper le beurre ? Sont-ce les maisons d’édition et les titres de presse qui véhiculent ce néant intellectuel pour happer à peu de frais du temps de cerveau disponible une fois qu’ils ont fait tourner les nouvelles crèmes de jour bio ? Ou bien encore les lecteurs-consommateurs de ce néant qui se rassurent en croyant distinguer leur propre image dans ce miroir qui, pourtant, ne réfléchit pas ?…
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1. Parce que l’autrice, en tant que « journaliste », fait partie du gang consanguin des desperate bourgeoises woke qui se font mutuellement la courte échelle (dans le bréviaire cela se nomme sororité).
Nota bene : merci à Célina B. pour la pêche du jour.