De la lecture en attendant le week-end !
Non seulement une certaine pensée postcoloniale est diamétralement opposée à ce que l’on peut considérer comme une politique de gauche mais elle relève d’une politique identitaire qui menace de détruire la pensée anticoloniale même — et serait structurellement anti-juive. Telle est l’idée que Horst Bredekamp, le grand historien d’art, ancien professeur aux universités de Hambourg, de Berlin, et de Princeton, et l’un des fondateurs du Forum Humboldt de Berlin, défend dans une tribune parue dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), en mars dernier. Ce texte a suscité un écho considérable sur la scène intellectuelle et médiatique allemande et anglophone. Il est repris dans K., en le mettant en contexte : au sein d’une controverse sur la « décolonisation » de l’art et des musées.
L’écrivain et journaliste américain Thomas Chatterton Williams, auteur d’Autoportrait en noir et blanc. Désapprendre l’idée de race (Grasset, 2021), s’oppose à la fois au concept de race et à l’irruption de la cancel culture dans nos sociétés. Selon lui, depuis l’impulsion qui nous vient en particulier des États-Unis, les nouveaux tabous créés par les militantismes agressifs de la « gauche autoritaire » mettent, par peur du politiquement incorrect, gravement en danger la liberté de penser, de créer et d’analyser. Alexandre Lacroix s’est entretenu avec lui.
L’actualité récente nous a fourni quelques exemples remarquables de malentendus politiques entre la France et les États-Unis, relevant à la fois de la sémantique et de l’idéologie, annonce Nathalie Heinich : par exemple lorsque, dans le New York Times, l’assassinat de Samuel Paty a été traité dans un premier temps comme un fait-divers relevant de la bavure policière ; ou lorsque, dans le discours d’Emmanuel Macron rappelant les principes républicains et défendant la lutte contre l’islamisme, ce dernier terme a été traduit par « islam », engendrant aussitôt des accusations d’islamophobie voire de racisme contre la politique de la France.