Candidature écartée dans la NFL : « Pas la bonne minorité » ?

Eugene Chung, ancien joueur de ligne offensive de la NFL, devenu entraîneur par la suite, ne croyait jamais entendre ce qu’il lui a été dit durant une entrevue avec une équipe du circuit Goodell au cours de la dernière inter-saison.

L’homme de 51 ans, qui aspire à gravir les échelons dans le monde des instructeurs, est demeuré bouche bée lors de son échange avec les recruteurs d’une équipe dont le nom n’a pas été dévoilé.

« On m’a dit : ‘Tu ne fais pas vraiment partie d’une minorité' », a déclaré Chung, qui possède des origines coréennes, en entrevue avec le quotidien Boston Globe, vendredi. « Je me suis dit : ‘Attends une minute. La dernière fois que j’ai vérifié, quand je me suis regardé dans le miroir en brossant mes dents, je faisais partie d’une minorité.’ Alors j’ai demandé : ‘Que voulez-vous dire ? Je ne fais pas partie d’une minorité?' » Une question à laquelle la personne qui lui passait son entrevue aurait répondu : « Vous n’êtes pas la bonne minorité que nous recherchons. »

Chung n’en croyait pas ses oreilles. Celui qui a joué cinq saisons dans la NFL, avec les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, les Jaguars de Jacksonville et les Colts d’Indianapolis, en plus de faire partie des groupes d’entraîneurs des Eagles de Philadelphie et des Chiefs de Kansas City, ne comprenait pas qu’une telle forme de racisme avait encore sa place en 2021.

« J’étais stupéfié, émotionnellement paralysé pour une fraction de seconde, a ajouté Chung. À mon avis, c’est absolument sidérant qu’en 2021, une histoire comme celle-ci ait encore lieu. »

Une première?

Chung aimerait d’ailleurs devenir le premier entraîneur-chef asio-américain dans l’histoire de la NFL.

Dans les dernières années, la NFL a même implanté une règle qui favorise l’embauche d’une personne issue des minorités. Ainsi, chacune des équipes doit réaliser une entrevue avec au moins deux personnes appartenant à une minorité pour le poste d’entraîneur-chef et une personne appartenant à une minorité pour un poste de coordonnateur. De plus, les équipes qui réussissent à développer un membre du personnel appartenant à une minorité se voient récompensées avec des choix au repêchage si ce membre se trouve un emploi avec une nouvelle formation.

Réaction de la NFL

La NFL avait annoncé le 24 mai qu’elle examinerait un commentaire présumé fait à Chung lors de cet entretien d’embauche. Dans une déclaration obtenue par Mike Garafolo de NFL Network, la ligue a déclaré, le 1er juillet : « Après de multiples discussions, y compris avec M. Chung et son représentant, nous n’avons pas été en mesure de confirmer la déclaration précise qui a été faite, ou par qui et dans quelles circonstances une telle déclaration a été faite. »

Bien qu’elle ne soit pas parvenue à une conclusion dans cette affaire, la NFL a ajouté qu’elle entendait « profiter de cette occasion pour renforcer l’engagement de la NFL et de chaque club de la NFL à garantir des processus d’entretien appropriés pour développer des effectifs diversifiés, inclusifs et respectueux sur et en dehors du terrain », avant de conclure : « M. Chung a proposé de nous aider à aller de l’avant et nous sommes heureux de pouvoir discuter avec lui de la façon dont nous pouvons mieux faire progresser les opportunités d’emploi dans toute la ligue. »

Naturellement, cette affaire se soldera sur une table autour de laquelle des avocats négocieront le deal qui mettra d’accord l’entraîneur Eugene Chung, l’équipe incriminée et la ligue. C’est ainsi que se terminent les grandes causes aux États-Unis : l’organisation puissante prend de grandes résolutions populaires — diversité, inclusion… — et s’en vante bruyamment pour montrer qu’elle suit l’air du temps idéologique, mais il n’est rien qui ne soit soumis à la loi supérieure, à savoir celle du business. En vertu de celle-ci, l’équipe qui a éconduit l’entraîneur américano-coréen entendait, sans doute, privilégier la minorité la mieux défendue politiquement. Dans ce système pervers de discrimination positive, l’avantage ne revient pas au meilleur mais soit à celui qui appartient à « la bonne minorité », soit à celui qui a le plus gros flingue. Derrière les phrase politiquement correctes dictées par les lawyers, la suite dira si le flingue de M. Chung était assez gros.

Sources : Journal de Montréal, 23 mai 2021, et NFL News, 1er juillet 2021.

Auteur : Gabriel des Moëres

Vieux gaulliste, républicain exigeant, humaniste et conservateur.

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