Cette rentrée sera marquée, pour le ministre de l’Éducation nationale, par les traditionnels problèmes logistiques et les revendications catégorielles mais aussi par la mise en place d’un think tank contre le wokisme et la cancel culture.
Son projet, annonçait L’Opinion en juillet dernier, est « à la fois intellectuel, politique et pratique ». Sous statut associatif, la structure se veut un « laboratoire républicain » qui revendiquerait une cinquantaine de parlementaires (parmi lesquels les « laïcistes » de la majorité, dont Aurore Bergé, Francis Chouat et des élus MoDem), des essayistes tels que Caroline Fourest et Jacques Julliard, l’avocat Richard Malka, l’universitaire Dominique Schnapper, président du Conseil des sages de la laïcité au ministère de l’Éducation nationale, des chefs d’entreprise et des personnalités politiques telles que Jean-Pierre Chevènement et Manuel Valls.
Jean-Michel Blanquer définit le wokisme comme étant « très structuré, autoporté », source de nombreux débordements, et comme possédant une influence « gigantesque ».

« Le virus de la zizanie a été planté. On est déjà au stade 2. Le vaccin, je prétends y travailler avec un bon laboratoire. »
Jean-Michel Blanquer, cité par Gala, juillet 2021.
Le ministre est convaincu que la défense de la laïcité doit être élargie, que le prochain enjeu est de contrer cette cancel culture qui essentialise les différences et qui, dit-il en privé, est « une véritable attaque contre les fondements des grands principes du monde libre ». L’objectif est de mener le combat dans l’espace public et notamment dans les établissements scolaires, en promouvant l’égalité homme-femme, les « causes généreuses » et, plus largement, favoriser « une vision humaniste, universaliste, viscéralement attachés aux enjeux de la liberté ».
Reste à savoir si le ministre de l’Éducation nationale compte réellement mener la croisade contre le Wokistan ou s’il se contente d’agiter une épée en bois pour draguer les républicains conservateurs et universalistes en prévision de l’élection présidentielle. L’en-même-tempisme présidentiel étant, lui aussi, un virus particulièrement puissant, l’avenir dira s’il ne scelle pas déjà le destin du Laboratoire républicain de M. Blanquer.
Sources :
. Marie-Amélie Lombard-Latune, « Les coulisses de l’opération Blanquer contre le wokisme », L’Opinion, 19 juillet 2021.
. Oriane Theodose, « ‘Le virus de la zizanie’ : Jean-Michel Blanquer se lance dans un nouveau combat », Gala, 20 juillet 2021.