
Le jeu Blacks & Whites, largement inspiré du célèbre Monopoly, vous octroie des privilèges ou vous impose des handicaps selon que vous êtes blanc ou noir de peau. Ce jeu qualifié de « socialement conscient », né il y a cinquante ans, vient d’être réédité.
Dans ce jeu de plateau, on trouve des pions noirs et des pions blancs mais, contrairement aux dames ou aux échecs, les uns et les autres se partent pas à armes égales. Dans cette parodie de Monopoly « socialement consciente », privilèges et inégalités raciales sont représentés pour, si l’on en croit ses fans, rendre compte des injustices de la société américaine.
Ainsi, les détenteurs de pions blancs commencent la partie avec un million de dollars et ont accès aux quatre zones pour pouvoir acheter des biens immobiliers. Les joueurs aux pions noirs, eux, commencent le jeu avec seulement 10 000 dollars et sont encouragés à mettre en commun leurs actifs sous forme d’action collective. Ils n’ont accès qu’à la zone non gentrifiée et intégrée. Les cartes du jeu, à piocher sur la case « Opportunité », sont également séparées selon la couleur de peau et, bien entendu, la pile réservée aux noirs contient de plus nombreux désavantages que celle des blancs.
Aborder un sujet sérieux de manière amusante
« Nous avons pensé que cela pourrait être efficace pour faire rire les gens, mais aussi pour les faire réfléchir », confie Nehemiah Markos. Lui et son acolyte Jed Feiman ont repensé et réédité le jeu qui avait disparu de la circulation. Après la mort de Georges Floyd, Blacks & Whites se présente comme un moyen d’aborder des sujets difficiles comme les inégalités raciales de manière humoristique. L’objectif est de faire naître des conversations au sujet des privilèges.
Pour rééditer le jeu cinquante ans après sa première sortie, les deux jeunes hommes ont demandé l’autorisation à Robert Sommer, professeur de renommée internationale à l’UC Davis et pionnier de la psychologie environnementale, créateur du premier Blacks & Whites. Décédé en février 2021, il avait eu le temps d’écrire l’avant-propos de l’édition remaniée. Il y explique que dans les années 1970, lorsqu’il jouait au Monopoly avec ses enfants, il avait été frappé du manque de réalisme. « Au Monopoly, tout le monde commence avec la même somme d’argent. Cela ne correspond certainement pas au monde réel. »




Cinquante ans après, Robert Sommer avait donné son accord pour rééditer son jeu de société : malgré quelques évolutions, les choses ne sont pas si différentes aujourd’hui, estimait-il. La version originale était populaire en tant qu’outil éducatif, ce que Nehemiah Markos et Jed Feiman entendent faire perdurer.